
Eric Bonneval |

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Denis Charvet,heureux
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Sella quatre à quatre
Le printemps est en avance sur son temps,ce 15 mars.La pelouse est brûlée par les grands froids de l'hiver,mais un soleil quasi estival vient illumner le Parc.L'Angleterre croit que son pack,ultra-puissant,va mater
ces intenables "Froggies".Elle lance son défi d'entrée quand,pour un hors-jeu français sur un dégagement,elle choisit la mêlée au point de départ,à 10 mètres de la ligne bleue,plutôt qu'une pénalité bien placée au point de chute.Le pack blanc,sûr de sa force,veut écraser son adversaire.
L'affaire tourne à la confusion des balèzes de la couronne,quand on voit la mêlée tricolore enfoncée sa rivale,la disloquer et gagner la balle à la
poussée.Dès lors,derrièrre un tel rouleau compresseur,les arrières bleus
vont imposer leur supériorité physique et technique,lançant des attaques
d'une profondeur et d'une fulgurance exceptionnelles.
Face à cette réussite des Bleus,l'Angleterre subit la faillite de Rob
Andrew manquant quatres buts de pénalité en première mi-temps.Il en
va ainsi dans le rugby de cette fin de siècle,un seul buteur lui manque,et toute l'équipe est dépeuplée

la Tour de Londres,Dooley |
Le triomphe français se dessine très vite.Deux buts de Laporte (11è et
23è),un essai du même Laporte -photo ci-dessous- (30è),mis sur orbite pour une chevauchée de 50 mètres le long de la touche,par une relance de Charvet dans ses 22 mètres,poursuivie par Bonneval,Laporte déjà,
Charvet encore,perçant sur 30 mètres,avant de lancer Laporte dans le raid le plus exaltant de sa carrière,et voilà la France menant 10-0 à la mi-
temps.L'addition monte à 17-0,après une mêlée enfoncée sur la ligne anglaise (45è),où Berbizier donne à Blanco lançé,pour le second essai,suivi par un troisième but de Laporte (52è).Un but de Barnes (54è) est une bien maigre consolation,d'autant,que dans la minute qui suit,Ba-
rnes s'attire les foudres de M.Bevan par un essai de pénalisation qui permet aux Bleus de mener 23-3
Linviolabilité de la défense tricolore,depuis deux Tournois,est interrom-
pue par une faute saugrenue,à un quart-d'heure de la fin.Lancer de Ber-
bizier en touche,près de sa ligne de but,la balle est cafouillée,et l'énorme Dooley plonge dessus dans l'en-but.Un essai à zéro passe!Un but de Ba-
rnes (71è) réduit l'écart à 22-10,mais l'Angleterre est humiliée par un impérial essai français à l'ultime minute.Sur une mêlée à 15 mètres de leurs poteaux,les Bleus ont le culot d'attaquer en première main.Alerté par Berbizier,Laporte,d'une longue passe,lobe Sella pour donner à Cha-
rvet.De sa ligne de but,le Toulousain fonce,perce,redresse sa course,pas-
se à Bonneval qui réussit une trouée monumentale,jusqu'aux 22 mètres
anglais,retrouve Charvet sur l'aile,qui donne à l'intérieur à Sella,pour une
course irrésistible jusqu'au poteaux.Il marque ainsi son quarième essai,un
dans chaque match,ce qui est exceptionnel.La transformation de laporte
fait monter à 29-10 l'avantage final des Bleus.
La France
termine en tête ce Tournoi,qu'elle a largement dominé,avec le regret d'avoir manqué,à Murrayfield,un Grand Chelem largement à sa
portée.Les Tricolores divent,d'ailleurs,partager la victoire avec le Char-
don,qui vient de s'imposer en Irlande 10-9,encore par un point d'écart.
Mais la france reste,lors de ces années,la poutre maîtresse,la force mar-
quante.
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