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18 Janvier 1986
Scotland
France
Murrayfield

Laporte


Lafond



Gaving Hastings


En 21 secondes !

Il fait un temps maussade,le 18 janvier 1986 à Murrayfield.
Le public écossais chante la "la Marseillaise",mais siffle copieusement le
"God Save the Queen".D'entrée éclate un coup de tonnerre.Gavin Has-
tings,arrière costaud et botteur patenté,sur le coup d'envoi,expédie le bal-
lon directement en touche.Tous les avants,selon l'habitude,convergent
vers le centre du terrain,pour disputer une mêlée.Tous sauf Dubroca.
Alerté par Berbizier,son coéquipier d'Agen,il va,subreptivement,jouer,
une combinaison agenaise.Au point de sortie du ballon,Berbizier joue une
touche rapide sur Dubroca,qui,file vers la ligne écossaise,fixe Hastings,
replié en catastrophe,et envoie Berbizier pointer dans l'en-but écossais.
Et voilà comment,dans un Murrayfield stupéfié,la france mène 4-0,au
bout de 21 secondes !



la ruse de Berbize

Match étrange.L'écosse,échaudée,se borne à un rugby étriqué.
Les centres vont faire leur première passe au bout d'une heure.Face à ce Rugby hérisson,les avants français,stimulés,s'imposent,exécutent des
enchainements superbes,et les arrières n'hésitent pas à attaquer à la main,
mais malgré une pelouse mouillée et glissante.Mlheureusement,tout ce talent est gâché par une accumulation de fautes
Voilà comment Hastings,qui va tenter onze pénalités et en réussir six,
donne une courte et bien injuste victoire (18-17) à l'équipe calédonienne.
La France à pourtant,à la 56è minute,marqué un magistral second essai
par Sella.les Bleus reviennent à 14-15,mais Hastings est là pour sa sixiè-
me réussite (18-14).Un but de Laporte (71è),en réduisant l'écart final à
un point,ne fait que raviver les regrets français.
A Twickenham,l'Angleterre a défait le Pays de Galles (21-18),par six buts et un drop de son ouvreur Andrews.Deux vainqueurs qui ne mar-
quent pas un seul essai,c'est une véritable injure au jeu.C'est aussi la complexité grandissante des règles,qui donne aux buteurs une importance
démesurée.C'est encore un buteur,le Gallois Thorburn qui,le 1er février
à Cardiff,décide de la victoire du Pays de Galles sur l'Ecosse (22-15),en
passant cinqs buts,dont un de 62 mètres.


De la ruse et de l'autorité: Berbizier débute bien l'année

Quand la Berbize fut revenue

Il a appris à se méfier de quelques uns d'entre nous."Je me suis durçi."C'était la moindre des transformations tant nous lui avons travaillé
le cuir."Je ne cherche pas à plaire."Accordons lui que ce fut,souvent,très réussi.Il faut dire que son image a été forcément troublé
par une affaire de goûts et de douleurs,les nôtres et les siennes."J'ai une étiquette depuis longtemps.J'étais jugé avant d'entrer sur le terrain.On me crachait dessus" C'est une image.Vraie."Tout ça parce que j'ai toujours été obligé de jouer par rapport à quelqu'un ou à quelque chose."
Grand seigneur,je lui fais remarquer qu'aprés une enquête très serrée la preuve a été faite qu'il n'était por rien dans la blessure de Jérôme Gallion.Bon prince,il accepte l'ironie et affute sa réplique."Je comprends que vous préfériez Gallion,que vous n'aimiez pas Fouroux,c'est votre drit,mais j'ai toujours été jugé par rapport à l'un ou à l'autre.Par rapport à la Fédération aussi.Et chaque fois c'était Fouroux et la Fédération qui était visés.
- Et maintenant,il y a Agen.
-J'allais oublier.Et pourtant,je ne pouvais plus jouer à Lourdes.C'était une situation impossible,mon travail à Toulouse,ma femme intendan-
te à Paris.J'ai d'abord voulu jouer à Toulouse.
- Il vaut mieux Agen pour pouvoir jouer au plus vite.C'est quand même la ville la mieux placée pour les passes-droits.
- Vous voyez,qu'est ce que je vous dis.
Ici,je puis l'assurer,l'aube d'un sourire s'est levé qui a gagné front subitement moins têtu.C'est le visage méfiant que se fait le dernier Agenais lorsque apparaît l'empêcheur de jouer en en rond.Ou presque.Oui mais voilà,on ne résiste pas à un bouquet de compliments si aimablement tendu.Car il vient d'être question du deuxième test en Argentine pour que s'ouvre une première conclusion: Berbizier a ali-
gné coup sur coup,à Buenos Aires et à Edimbourg,ses deux meilleurs matches avec l'équipe de France."C'est une suite logique.On m'a-
vait mis une étiquette injuste.Je suis parvenu à m'exprimer.
- C'est heureux et ça et ça nous change.On avait tendance à penser que vous étiez surtout bon dans les matches de sélectio.
- Pour moi un match de sélection est un matche comme un autre.Je ne vois pas la différence.J'ai eu la chance de réussir ces matches.Et après,si je faisais une faute,une seule,on me tombait dessus."
Fouroux traînait Astre,lui traîne Gallion.Et les autres,derrière leur pupitre,à-haut,au chaud,qui s'acharnent à faire des comparaisons.Ce
rugby c'est pas une vie.
"Je l'ai très mal vécu.
- Vous est-il arrivé de pleurer?
- Oui,plus souvent de rage"
Pierre Berbizier,voix bien posée,regard apaisé,répond à un portrait d'honnête homme,mais enfin il est présumé très roublard.D'abord
parce qu'un demie de mêlée l'est,fatalement.Ensuite parce qu'il est l'instigateur des deux essais peut-être les plus insolites de l'histoire du
Quinze de France.Souvenez-vous,le premier c'est celui du grand chelem de 1981 quand il se déguisa en ramasseur de balle le temps d'une
touch jouée pour ce gentil brigand de Lacans qui a du l'emporter au paradis.Le deuxième c'est celui franchement rigolo qu'il planta aux Ecossais réduits à l'état d'indiens balourds dans un de ces westerns gratinés des années cinquante."Il m'est arrivé de le faire en champion-
nat et ça a marché.Il faut savoir profier de toutes les situations."
Sans être cruel,tout juste tenace,reconnaissons qu'en dépit de son savoir-faire il ne nous aura pas empêché de regretter tout ce que Jérôme Gallion eut apporté à cette équipe de France ouverte à de nouvelles démangeaisons.D'autant que,par rapport à lui-même,à ses
dispositions cultivées au centre des trois-quarts,Pierre Berbizier a semblé nous offrir un Tournoi déclinant à chaque matche.Il est revenu
à des approximations et même à quelques intentions gloutonnes ça et là.Et voilà que ça nous reprend.Entre la confiance des uns,ceux qui décident,et la défiance des autres,ceux qui écrivent,Pierre Berbizier aura fait finalement un bout de chemin intéressant.Et qui n'est pas fini
Ce profil-là annonce un sélectionneur pour longtemps.

l'Année du rugby 1986
Christian Montaignac

 

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