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2229 -04- 1972
Ireland
PFrance
Lansdowne Road


Sur cette touche Jacques Fouroux contrôle un ballon brûlant


Estève s'arrache du groupe des avants irlandais


Walter Spanghero:un rude combattant qui porte les traces d'une dure bataille.

Bernard Duprat et Tom Kiernan les deux meilleurs joueurs de chaque camp face
à face.A eu deux ils ont totalisé 20 points.


Moloney vient de recevoir la balle de ses avants.De gauche à droite,Benesis,Feighery,estève,
C. Spanghero,Mc Loughlin,Mc Bride et Mc Kinney.

Pas de Revanche à Dublin

Crachant poussivement ses volutes jaunes qui viennent tenir un instant les superbes gazons verts et les arbres fleuris,le train suranné qui barre un des accès de Lansdowne Road se mit à déverser ses grappes de vo-yageurs une demie-heur avant le coupe d'envoi.Jusque là,on craignait le fiasco.Et puis le stade fit le plein des 35000 spectateurs prévus,com-te tenu des 10000 irlandais du Nord qui ne viendraient pas et des 3000 supporters français absents.On s'en félicitait pour l'Irish Rugby Union qui méritait bien cette "cosolation"après les forfaits pour raisons extra-sportives abusives des Ecossais et des Gallois.
Aussi les français qui avaient eu l'élégance de répondre présents et de meubler de la sorte le vide auquel les irlandais se trouvaient comdam-nés,recueillirent-ils à leurs entrée sur le terrain une ovation sans précé-dent.Cela n'alla pas plus loin en ce qui concerne les gentillesses.La notion de match amical,voire hors tournoi n'existe pas là-bas.
Walter Spanghero avec son solide bon sens et sa lucidité
n'était pas très rassuré.Il sentait bien que beaucoup de joueurs ,malgré tout ce qu'il avait pu leur dire n'étaient pas tellement conditionnés par ce match un peu bizzare.Déjà ils avaient l'esprit en Australie,alors que leurs adversaires n'allaient pas manquer de combattre pour démontrer devant leur public qu'ils étaient des postulants sérieux à un succès dans ce tournoi 72 brisé,voire à un grand chelem.
D'entée,toutes les craintes de Walter se voyaient justifiées et les nôtres se retrouvèrent avec 15 points contre 0 à la vingt-cinquième minute.
A voir l'allure élégante de certains de leurs mouvements,leurs recher-ches créatrice,on pressantait qu'ils étaient capables de se ressaisir,mais attention il ne faut jamais laisser l'Irlandais vous prendre à la gorge.
D'une part,on voyait un quinze plein de résolution avec 8 avants formant bloc,travaillant d'arrache pied,exerçant un pressing qui ne se relâchait pas.De l'autre,des éléments trop dispersés,pratiquant plutôt individuellement et un pack ne semblant pas encore s'être décidé.
La réussite de Kiernan:
Les irlandais profitèrent ainsi par deux fois de relâchements coupables.
Dès la huitième minute,mésentente entre walter Spanghero qui
s'était replié et pierre Villepreux sur un botté en hauteur de McGann,Flynn
reprend et va entre les poteaux.Quinzième minute,servi directement par Fouroux après mêlée devant sa ligne,Villepreux dégage dans les bras de Moloney qui marque.Faute incompréhensible de la part d'un joueur de cette qualité,qui n'avait manifestement pas l'humeur défen-sive.A chaque fois,Kiernan transformait et ajoutant à la vingt-cinquiè-me minute une pénalité sifflée contre le malheureux Walter pris en défaut sur un tenu.Le public irlandais exultait,n'en finissait pas de saluer l'arrière et capitaine Kiernan,ce curieux homme de 33 ans qui en paraît dix de plus avec ses tempes blanches et sa course saccadée.Mais sa volonté est grande,son sens du jeu brillant.Il paya néanmoins son tribut aux lois physiques dans le dernier quart d'heure qui lui fut très pénible.Ajoutons encore que dans cette première mi-temps,il bénéficia avec toute son équipe d'un vent très favorable.
Comment les français ainsi menés,allaient-ils réagir? Fort bien,ma foi!
Un superbe mouvement allait les récompenser par un essai de bel envergure à la trente-sixième minute.Skrela récupéra dans ses trentes mètres un ballon gagné par Bénésis sur introduction adverse.Il s'ensui-vit une série de redoublements de passes menées à belle allure auxquelles participèrent les deux Spanghero,Alain Marot,Skrela de
nouveau et Fouroux qui fit la différence,se détacha.Duprat revenant fort intelligemment à l'intérieur et finissant avec décision.Ainsi survint la pause.
La deuxième mi-temps allait nous offrir encore trois essais,mais cette fois avec une répartition inverse.Il apparût que dans leur totalité,les essais français étaient à la fois plus spectaculaires,plus pensés.Ainsi,
Villepreux pouvant intervenir davantage dans l'offensive,amenant pour Duprat son deuxième essai,par un joli et subtil côté fermé.Et encore plus le mouvement superbe entre Skrela et Walter Spanghero avec Estève pour le relais décisif,le géant biterrois,sans doute le meilleur avant du match,lançant impeccablement Lux qui déboula comme il sait le faire.
Le dernier essai des Irlandais provint d'abord d'une hésitation, d'un mauvais placement de Dubertrand,vraiment dans un "jour sans" laiss-ant filer Duggan sur lequel Fouroux replié et Villepreux hésitèrent aussi
En fait,trois essais irlandais sur trois fautes françaises.C'est ça aussi le rugby,mais c'est beaucoup pour un match à ce niveau.Il est certain
sans aller plus loin,qu'il y avait tout lieu de regretter Sillères



Prise de balle de Claude Spanghero.De gauche à droite:Slattery,Skrela,Biémouret,
Walter Spanghero,McKinney et de dos,bien sûr,Jacques Fouroux.

L'exemple donné par Estève:
Sur le plan des techniques,la réduction des effectives à la touche ne s'avéra pas un succès.Décidément,l'équipe de France a bien du mal à assimiler cette méthode.Par contre,cela alla beaucoup mieux au fond.
Objet d'une stricte vigilance,McKinney plusieurs fois groggy à force d'appuyer ses placages,d'y aller généreusement "bille en tête" étant spécialement affecté à sa personne,Walter Spanghero se fit plusieurs fois bloquer avec la balle.A la longue,à force d'insister, le capitaine français réussit,avec son frère Claude et Estève,des actions détermi-nantes.Enfin on a vu pour la première fois Estève rationnellement utili-sé.Comme il tient la grande forme et que son sérieux demeure constant
le bitterois réalisa une performance authentique,récupérant des ballons,chargeant et servant à la perfection.Alors que tant de balles ségaraient,échappaient des mais à la réception,comme à la distribution,Estève démontra la technique de base exigible d'un interna-tional.Celle qui manque encore à skrela,superbe bête de race,mais n'as-surant pas toujours ses transmissions,et ne voyant pas toujours la con-tinuation qui s'impose.Il termina notament par un coup de pied à suivre
en touche de but,un mouvement qui aurait dû justement réduire l'écart au score.Et comme Biémouret couvrit moins de terrain qu'à l'accoutu-mée,alors qu'en face Slattery se surpassait,la troisième ligne française n'eut pas le rendement escompté.

Combinaison française autour de la mêlée,Walter lance Villepreux.

SSkrela stoppe McGannde façon peu orthodoxe.


La première ligne et la ligne:
Pour ce qui est de la mêlée,la première ligne Azarete-Benesis-Iraçabal livra un duel épique et ne céda pas à celle réputée la meilleure d'europe
Lynch-Kennedy-McLoughlin.Si la mêlée française recula parfois, la faute
ne venait pas de la tête,les conséquences étant fâcheuses pour Fouroux,qui démontra par ailleurs vivacité et sens de jeu.Par répercus-sion,Alain Marot ne se trouva pas toujours à l'aise.Il eut des éclairs de très belle classe,faisant toujours preuve de sang-froid et d'opportunité.
Avec lui et Maso,les sélectionneurs possèdent deux éléments à ne pas mettre en concurrence,mais à utiliser conjointement.
Car le problème de la ligne se trouve toujours posé, le fait pour Dourthe et Lux d'être coéquipier de club ne le résolve pas.Il reste les satisfactions donnés par Duprat et la certitude que Villepreux vaut beaucoup mieux que celà.Ses efforts pour organiser cette fameuse ligne amenèrent néanmoins de bons résultats en deuxième mi-temps.
Il n'ya donc pas eu de revanche à Dublin et il fallait s'y attendre,les français se sentant moins concernés que leurs adversaires.Ils eurent néanmoins le sursaut de fierté attendu.Les deux frères Spanghero en portaient les marques comme de l'autre côté,Kennedy et Hepwell.
Oh!, les Irlandais apprécient l'amitié viril.Elle est à la base de leur jeu d'avant,avec une tactique bien appropriée.Il nous sera permis de ne pas totalement l'apprécier.Quand l'antraîneur Ronnie Dawson,cet architecte réputé qui n'est pas sans penser à la démolition donne pour consigne qu'il est plu important d'empêcher les avants français de se servir de la balle plutôt que de la conquérir soi-même,c'est licite mais très discutable dans l'esprit.D'autant que l'on n'hésite pas d'utiliser des moyens frauduleux.
Entre Irlandais et gallois:
Il était juste que Walter Spanghero et Benesis aient été sanctionnés sur mêlée spontannée,même s'ils étaient hors jeu de de très peu quant à la dimension,car ils n'avaient pas respecté la règle.Mais on s'étonne que Kennedy puisse se promener constamment dans le camp adverse,pou-rvoir des balles sans encourir la moindre sanction.Il était juste d'avertir Iraçabal pour s'être laissé emporter,mais non pas de laisser Slattery plonger les pieds en avant dans la mêlée.Et cet art de tourner les pa-quetspour aller dans lecamp d'en façe.Ceci ajouté au laisser faire des avants gallois pour leur appuis en touche,lors du match de Cardiff,
nous conduit à trop d'incompréhensions avec les arbitres d'outre-manche.
Cen sont que des fausses notes,sur une rencontre qui nous a laissé un bon bagage d'émotions sportives.Mais il ne serait pas objectif de les passer sous silence.
Ccei étant,nous voyons venir la question pour conclure: les Irlandais auraient-ils battu les Gallois? Possible à ce jeu là,mais nous ne leur accordons pas la label de la qualité.A eux de s'en accommoder et ils le font très bien.Alors,la question demeure posée.Le rugby doit s'accom-moder de tous les temps,mais non des Madame Soleil!

"Texte de Robert Barran "




Ll'Irlandais Ray McLoughlin n'est pas de la race des piliers qui dépensent toutes leurs force en mêlée.Il lui reste toujours,
ô combien!,pour se tenir en pointe de toutes les combinaisons d'avants champ de son équipe...Ici McLoughlin part à
l'attaque flanqué de Willie John McBride,Moloney et Slattery.



mitiés rugbystiques, Jean-René.

 
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